C) Nature de la maladie clinique et immunité de l’hôte, Conséquences sur les femmes enceintes et les enfants
Les facteurs génétiques et immunitaires liés à l’hôte ont des impacts qui ne sont pas à négliger. Ainsi, la nature de la maladie est déterminée par l’intensité de transmission dans la région, qui détermine à son tour un certain niveau d’immunité, déterminant par la suite d’esquisser un certain « profil » de la maladie clinique.
Ainsi, les sujets plus âgés ont une prémunition « naturelle »-de par le fait qu’ils ont très souvent survécu aux premiers accès étant enfants.
Une dégradation de cette prémunition est possible : maladie intercurrente, grossesse, etc. ou l’arrêt d’entretien lié à une migration dans une zone non impaludée (durée supérieure à 4 ans).
Les individus les plus sensibles sont femmes enceintes et les jeunes enfants.
1. Effets selon les zones de transmission et le taux d’inoculation
a) Transmission instable ou faible
Dans ces régions, les taux d’inoculation varient constamment (on estime le TIE de ≤5/an à ≤1/an.
Les sujets de toutes les classes d’âge présentent, à cause de ces fluctuations, un retard pour l’immunité, enfants et adultes.
Ici, les sujets à l’infection palustre présentent des accès palustres cliniques aigus. Chez eux, les risques d’évolution vers un paludisme grave sont accrus.
b) Transmission paludique stable, taux d’inoculation élevé (TIE*≥10/an)
On parle de transmission paludique stable lorsque la population est exposée à un taux plus ou moins constant d’inoculation palustre.
Dans de telles zones, les individus ont acquis une immunité partielle de la maladie ; les manifestations graves du paludisme (paludisme grave) ont été acquises tôt au cours de l’enfance.
Les jeunes enfants présentent des densités parasitaires élevées et des manifestations de la maladie cliniques aigues*.
Les adolescents et les adultes sont partiellement immunisés mais abritent constamment de faibles taux parasitaires. Cependant, les épisodes cliniques chez ceux-ci sont plutôt rares
c) Zones de transmission forte
Ce sont ici plutôt les enfants qui p.résentent un risque de paludisme grave et de décès. Le signe le plus fiable chez eux est la pâleur palmaire.
Chez les enfants de moins de 5 ans, toute fièvre est souvent associée au paludisme dans ces zones. Après 5 ans, la probabilité d’une fièvre due au paludisme diminue au fur et à mesure du temps (et de l’augmentation de l’immunité).
Dans les pays où sévit le paludisme, la maladie est fréquente chez les enfants de moins de 2 ans et chez les nourrissons. L’immunité acquise par la mère disparaît au bout de 6 mois.
2. Principaux effets sur les nourrissons et jeunes enfants
Le problème majeur ici est le nombre réduit de recherches ayant été menées pour tester les traitements sur les nourrissons (impossibilité d’effectuer des prélèvements sanguins nombreux et simple question d’éthique au niveau du « recrutement » des bébés pour les études).
Les principaux effets du paludisme sur les enfants sont les insuffisances pondérales à la naissance (paludisme durant la grossesse de la mère), l’anémie, des problèmes neurologiques (neuropaludisme) et épilepsie. Les enfants présentant un accès palustre avec symptômes doivent être soumis à des soins intensifs car leur état peut s’aggraver rapidement.
a) L’anémie.
L’anémie est trouble sanguin qui traduit un manque de globules rouges. Les globules rouges transportant l’oxygène dans le sang, les sujets anémiques présentent des symptômes exprimant cette lacune au niveau de plusieurs organes. Ils sont généralement pâles, essoufflés, fatigués et présentent des troubles digestifs.
Lle paludisme engendre une anémie : le parasite, rappelons-le, en se propageant dans l’organisme, engendre la destruction des globules rouges.
b) L’insuffisance pondérale
L’insuffisance pondérale est l’une des conséquences du paludisme durant la grossesse.
Cette insuffisance engendre un poids de naissance de moins de 2500 g.
Les nouveaux-nés en insuffisance pondérale ont plus de risques de mortalité, et nécessitent une plus longue durée d’hospitalisation après la naissance.
c) Conséquences du neuropaludisme
Les enfants qui survivent au neuropaludisme* conservent de graves séquelles de la maladie ; notamment cécité, troubles de l’élocution et épilepsie*.
Les enfants qui semblent s’être bien remis sur le plan neurologique souffrent quant à eux de problèmes cognitifs graves : des troubles déficitaires de l’attention, de la locution et du langage.
3. Effets sur les femmes enceintes
a) Zones de faibles transmission
Dans de telles zones, les femmes enceintes, n’ont pas un taux d’immunité assez élevé et tombent malades (présence de symptômes) à la suite de l’inoculation du parasite par le moustique.
b) Zones de forte transmission
Dans de telles zones, les femmes infectées ont développé un taux d’immunité suffisante au parasite et ne présentent pas alors de symptômes durant la grossesse. Les parasites sont bien présents, bien qu’il apparaissent en quantité relativement peu importante dans le sang, et engendrent des conséquences sur la croissance fœtale. Ils envahissent les globules rouges de la circulation, et plus précisément de la petite circulation (circulation pulmonaire) du placenta. Cette infection se traduit principalement une insuffisance pondérale à la naissance (voir 1. Effets sur les nourrissons et les jeunes enfants), tout particulièrement quand il s'agit d'un premier accouchement.
Enfin, la grossesse est ponctuée de problèmes comme des contractions prématurées, des avortements spontanés et une mortalité au moment de l'accouchement.
L’obstacle subsistant pour l’administration de traitements reste ici l’innocuité (et l’efficacité) incertaines des antipaludiques sur la mère et l’enfant.